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On sait (enfin) pourquoi entendre quelqu’un manger nous insupporte

On sait (enfin) pourquoi entendre quelqu’un manger nous insupporte

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Par Paul Gombert

Publié le

Avis aux lecteurs misophones, cet article est pour vous.

À vos yeux (ou plutôt à vos oreilles), un repas à plusieurs peut vite devenir un enfer ? Entendre vos convives mâcher la bouche ouverte, ou pire, aspirer bruyamment leur soupe vous met dans une colère noire ? Dans ce cas, vous faites certainement partie des 15 % de Français qui souffriraient de misophonie, un trouble neuropsychique plus handicapant qu’il n’y paraît, qui se caractérise par une sensation de dégoût, ou un excès d’énervement, voire même d’agressivité en entendant certains bruits.

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Rarement diagnostiquée, la misophonie est souvent prise à la rigolade par celles et ceux qui n’ont aucun problème à entendre, par exemple, quelqu’un mastiquer un chewing-gum. Il faut dire que pour beaucoup, les raisons de ces gênes auditives restent assez mystérieuses. Mais, bonne nouvelle, des recherches ont été faites, et des éléments de réponse concrets nous sont parvenus. The Guardian rapporte en effet qu’une étude a été menée par des chercheurs de l’université de Newcastle, pour mieux cerner le pourquoi du comment.

Au total, 37 participants, misophones ou non, se sont prêtés à une expérience simple. Celle-ci reposait sur l’écoute de différents bruits, liés à l’alimentation ou à la respiration. Durant ces phases d’écoute, des scanners cérébraux étaient réalisés. Ces derniers ont permis de comprendre que lorsqu’une personne misophone entendait un son qui la dérangeait, une connexion plus forte était observée entre la région du cerveau qui traite ces sons et la zone spécifique du cortex prémoteur qui s’occupe des mouvements des muscles de la bouche et de la gorge.

De l’irritation à l’imitation

Le docteur Sukhbinder Kumar, qui fait partie des neuroscientifiques à l’origine de l’étude, explique : “En cas de misophonie, le son déclencheur active la zone motrice, même si la personne ne fait qu’écouter le son. Cela [lui] donne l’impression que les sons s’immiscent en [elle]”. Selon le docteur Kumar et ses confrères, ce phénomène serait dû aux neurones miroirs du cerveau, qui se manifestent quand quelqu’un fait une action, mais également en voyant d’autres individus faire un mouvement bien spécifique. Les chercheurs indiquent que certaines personnes gênées par un bruit en particulier ont tendance à l’imiter, car cela leur apporterait un certain confort, en reprenant le contrôle sur les sensations qu’elles ressentent.

Bien que de réelles solutions pour remédier à la misophonie restent à trouver, cette étude est une étape toutefois importante, notamment pour commencer à envisager des thérapies plus appropriées à ce trouble, en ciblant en particulier les zones du cerveau qui ont été étudiées. Les résultats complets de ces recherches sont accessibles via le site de The Journal of Neuroscience.