Pourquoi les pruneaux d’Agen risquent de manquer cette année ?

Pourquoi les pruneaux d’Agen risquent de manquer cette année ?

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Par Konbini Food

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"En grand danger" face au gel, la filière du pruneau d’Agen craint une vague de faillites.

L’épisode de gel exceptionnel qui a touché le Sud-Ouest de la France début avril pourrait provoquer une chute de 80 % de la production de pruneaux d’Agen ainsi qu’une vague de faillites dans la filière, s’est alarmée l’interprofession. “Nous avons perdu au minimum 80 % de la récolte. Si des mesures très fortes ne sont pas prises, 50 % des 1 000 pruniculteurs vont déposer le bilan. Les producteurs comme les transformateurs sont en grande difficulté, la filière est en grand danger”, a alerté le président du Bureau national interprofessionnel du pruneau (BIP), Nicolas Mortemousque, lors d’une réunion ouverte à la presse.

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Le pruneau d’Agen, qui bénéficie depuis 2002 d’une IGP (indication géographique protégée), génère 10 000 emplois directs et indirects, selon la filière, mais reste très affaibli par deux années consécutives d’épisodes de gel printanier. Du 2 au 5 avril derniers, les températures sont descendues jusqu’à -7 degrés en Lot-et-Garonne, qui assure l’essentiel de la production de pruneaux, et “aucune mesure de protection n’est efficace avec des températures aussi basses”, a expliqué Patrick Léger, président de l’Union des pruniculteurs individuels qui regroupe 350 adhérents.

“Mesures exceptionnelles très fortes”

Selon les professionnels, les dégâts constatés sont déjà plus importants qu’en 2021, où, malgré une destruction de 70 % de la récolte, la commercialisation avait été sauvée par les stocks de pruneaux. Avec un stock réduit cette année, “tous les marchés ne pourront pas être approvisionnés. Nous allons perdre des parts de marché au profit de pruneaux venant du Chili ou de l’Argentine”, a prévenu M. Léger. En 2020, 37 765 tonnes avaient été récoltées, dont plus d’un tiers dédié à l’exportation, notamment sur les marchés espagnol, italien, grec, algérien et chinois. L’année suivante, la récolte avait chuté à 16 400 tonnes, et elle ne devrait pas dépasser 9 000 tonnes cette année, selon l’interprofession.

Le BIP réclame à l’État “des mesures exceptionnelles très fortes” et estime qu’avec le seul “fonds de calamité agricole”, qui “ne rembourse que 40 % de la production”, “la filière ne s’en relèvera pas”. Une visioconférence doit être organisée lundi au ministère de l’Agriculture, en présence du député de la 3e circonscription du Lot-et-Garonne, Olivier Damaisin (LREM), a indiqué l’interprofession. La France, avec l’IGP pruneau d’Agen, est le troisième producteur mondial de pruneaux derrière le Chili et les États-Unis.

Konbini food avec AFP.