“Philippe Etchebest, c’est un papa ours” : entretien avec Pascal de Top Chef

“Philippe Etchebest, c’est un papa ours” : entretien avec Pascal de Top Chef

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(© Marie Etchegoyen/M6)

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Par Emma Couffin

Publié le

Retour sur l’aventure mémorable du jeune "chasseur-cueilleur" de cette saison.

Pascal est le jeune prodige de cette treizième saison. Élu meilleur apprenti de France en 2020, ses ami·e·s vont l’encourager à participer à Objectif Top Chef. Sorti victorieux de l’aventure, Pascal intègre directement Top Chef.

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Du haut de ses 21 ans, il a su se démarquer au cours des épreuves. On se rappelle notamment de sa boule de neige au cœur de piment habanero lors de l’épisode 12 qui avait su épater le chef Mike Bagale… C’est finalement en quart de finale, sur l’épreuve fatidique du chef Yannick Alléno que le jeune Varois a été éliminé, face à un Sébastien survolté.

S’il a déjà travaillé au Lavandou avec le chef Christophe Pétra ou encore chez Alain Ducasse à l’Hostellerie de l’abbaye de la Celle, le jeune chef espère désormais décrocher l’étoile avec son restaurant le Mas du Lingousto, aux côtés du chef Arnaud Bouxirot. Retour sur son parcours remarquable.

Konbini food | Petit, tu voulais devenir boucher. Pourquoi ? Qu’est-ce qui t’attirait dans ce métier ?

Pascal | J’étais attiré par le travail de la viande brute pour en faire un produit exceptionnel. En étant chasseur, et en venant de la campagne, j’avais cette relation directe avec le produit. Finalement, la vie en a décidé autrement et je ne suis pas devenu boucher… J’ai suivi une formation en hôtel et restauration au lycée Anne-Sophie Pic à Toulon.

Dans l’émission, tu te définis parfois comme un “mec de la campagne”, un “chasseur-cueilleur”, comment décrirais-tu ta cuisine ?

Je dis toujours que je suis un mec de la campagne, car c’est là où je suis le plus heureux.

Ma cuisine est brute mais raffinée. J’essaie de travailler des produits très simples qui viennent du terroir et je vais réussir à les sublimer. Je travaille avec des produits du terroir, issus des producteurs de ma région. Ça ne sert à rien de se produire à l’autre bout de la France alors qu’on a les mêmes produits, parfois même meilleurs, juste à côté.

Comment atterris-tu à Objectif Top Chef ? Qu’est-ce que tu en retiens ?

Mes amis m’ont dit de participer à l’émission. Les premières épreuves, j’y suis allé en mode “je fais ça comme ça, pour le fun”, sans m’attendre à rien. Mais j’ai fini par y prendre goût et j’ai finalement réussi à gagner Objectif Top Chef.

C’était impressionnant de travailler avec Philippe Etchebest, il me testait énormément, il m’a poussé à bout par rapport aux autres. Du coup, j’avais énormément de pression par rapport à lui en arrivant sur Top Chef mais c’est quelqu’un que j’apprécie énormément. C’est un papa ours, il est très dur mais très doux à l’intérieur, il a une grosse carapace, c’est quelqu’un d’adorable, de très simple, qui donne beaucoup.

Tu es sacré meilleur apprenti de France en 2020, ça représentait quoi, pour toi ?

Je me suis toujours donné à fond dans les études et les cours. Du coup je l’ai vécu comme un aboutissement, j’avais énormément travaillé pour ça, je voulais défendre mon titre dans Top Chef.

Je suis très fier de mon parcours, c’est exceptionnel pour quelqu’un de 21 ans, j’ai fait ce que je pouvais, j’ai gagné, j’ai perdu, je ne regrette absolument rien.

Justement, tu penses qu’il y a plus de pression lorsqu’on est jeune, par rapport aux expérimentés ?

Il y a plus de pression, forcément, parce qu’à 21 ans, on a moins de technique que les autres. Mais à mon âge, il y a encore ce côté “insouciant”. Je me dis que j’y vais, que je tente le tout pour le tout. Je teste et je vois si ça marche.

On a une très grosse pression sur le tournage, tout le monde est très fatigué. C’est vrai qu’en étant plus jeune, j’ai un avantage sur certains d’entre eux…

Sur la première épreuve, tu devais proposer ton plat signature, tu choisis de cuisiner du chevreuil…

Ils voulaient un plat signature, je leur ai servi LE plat signature by Pascal Barandoni, j’y ai mis tout mon cœur. Depuis le début de cette compétition, je suis resté moi-même. Je me suis vraiment dit que j’essaierai de rester moi-même, coûte que coûte, même si ça ne plaît pas forcément aux gens. J’ai pris énormément de plaisir à faire ce plat.

J’ai cru qu’il allait vraiment passer, du coup je n’ai pas trop compris sur le coup…

On t’a déjà reproché ta prise de position sur la chasse ?

Je n’ai jamais eu de remarques en message privé sur les réseaux sociaux. Ce côté “chasse”, j’en parle un peu dans l’émission, j’espère que les gens ne vont pas être frustrés là-dessus car je ne suis pas un barbare, j’explique juste mon ressenti.

La seconde épreuve est sur le thème du chocolat. Tu la vis comment ?

Par rapport à cette épreuve du chocolat, c’était une super épreuve pour un très grand chef, Yannick Alléno. Là, je sors de ma zone de confort, je ne travaille pas souvent le chocolat, donc j’ai vraiment kiffé cette épreuve.

Top Chef, c’est un rebondissement de tout instant. À la fin de cette épreuve, je ressens beaucoup de fatigue, beaucoup de déception et de tristesse, forcément.

Parle-nous un peu de ton restaurant, le Mas du Lingousto à Cuers…

Même si c’était la fin de mon aventure dans Top Chef, c’est un renouveau autre part. Je suis devenu chef aux côtés d’Arnaud Bouxirot. On propose une cuisine qu’on veut digne d’être étoilée.

Je voudrais devenir le plus jeune chef étoilé, ce serait une reconnaissance personnelle incroyable. J’ai vraiment envie de me donner à fond pour y arriver et que les gens se régalent avec ma cuisine, que je puisse vivre de ma passion.

Quel est ton meilleur souvenir sur Top Chef ?

Je l’ai vraiment super bien vécu. Même à mon départ, c’était quelque chose d’exceptionnel. D’avoir autant de compliments de la part de tous les chefs et candidats, c’était incroyable. De voir Etchebest lâcher une larme et me prendre dans ses bras, c’était un très beau moment. Je pense aussi à mon épreuve de la boule de neige qui a beaucoup ému Paul Pairet.

Qu’est-ce que Top Chef a changé dans ta conception de la cuisine ?

J’ai eu la chance de rencontrer énormément de chefs, j’ai aimé discuter avec tous et j’aimerais les remercier car je ne serais pas arrivé là sans eux. L’émission m’a appris à me recentrer sur le produit.

Que ça soit les rencontres avec les autres candidats ou la relation avec les chefs, c’était une aventure formidable.